11 novembre 2024

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L'année 2020 est décidément particulière à plus d'un titre pour le groupe AUSY. Elle n'est pas encore parvenue à sa moitié que, déjà, les trois membres les plus haut placés dirigeant les destinées du Groupe voguent à présent vers d'autres horizons... Que nous réserve donc le deuxième semestre ? Celui-ci s'annonce assombri par les perspectives chancelantes de reprises d'activité mettant en péril l'emploi de nombreux consultants en panne de perspectives par l'effet d'une crise sanitaire dont les conséquences socio-économiques sont à venir, la CFDT s'interroge sur tenants et aboutissants de cette cascade de départs. Retour sur la chronologie des évènement et analyse...

 

Séparation deuxième étage...

 

Tout commence avant l'aube de cette annus horribilis. C'est en date du 16 décembre 2019 que Philippe MORSILLO, alors Directeur Général du Groupe AUSY, annonce dans un message à une population restreinte (les salariés de structure, merci pour tous les autres salariés qui auraient apprécié l'information dont les représentants du personnel) la nouvelle de son départ.

Présent depuis 15 ans à la tête opérationnelle d'AUSY, il a amorcé à son arrivée une véritable mutation de l'Entreprise, PME alors franchouillarde et familiale, vers un Groupe où les maîtres mots sont performance permanente, croissance et rentabilité. Le choc social fut alors intense et les méthodes brutales dans un contexte économique difficile. La présence de résultats a conforté cette politique où l'humain avait peu de place et l'Entreprise est devenu Groupe en étoffant son activité régulièrement. Mr MORSILLO fut un dirigeant exigeant et sa priorité donnée au business laissa peu de place au dialogue social. Malgré cela, la CFDT reconnaît tout de même ses capacités de management et salue son travail opérationnel tout au long de ces années. Le parcours eut été plus glorieux si AUSY n'avait pas accumulé historiquement des tares récurrentes (communication interne très pauvre, turn-over assumé par un business model "full margin", systèmes d'informations dépassés, reconnaissance et partage des richesses absents, etc..).

Bien entendu, Mr MORSILLO  ne porte pas lui seul la responsabilité de cette politique : le responsable absolu était Mr MAGNET, actionnaire majoritaire, dirigeant unique et historique de l'Entreprise, avant le rachat par OPA de RANDSTAD en 2017. Cette opération était annoncé par ses acteurs comme garantir le meilleur avenir pour le Groupe AUSY. La CFDT a bien voulu croire à un destin plus social, facilité par la puissance financière d'un géant mondial de l'intérim.  Trois ans plus tard, le désenchantement est là, malgré des opérations de modernisation bienvenues mais qui ont pris énormément de retard et sont pour beaucoup encore en chantier ou encore (oubliées ?) dans des cartons. La politique de fond reste la même et la crise ne facilitera en rien des volontés de changements... Philippe MORSILLO se faisait plus discret au fil du temps et nous pressentions qu'il ne trouvait pas réellement sa place face à l'ingérence grandissante mais inéluctable de notre actionnaire unique. A-t-il réellement souhaité le transfert des équipes support vers GRF ? S'est-il senti sous une pesante surveillance accrue après avoir été le quasi maître à bord pendant de longues années ? L'effet "filiale" peut avoir jouer à plein s'agissant d'une Entreprise qui était cotée au second marché et dont le challenge était beaucoup plus excitant. Comme bien souvent, beaucoup de choses seront tues et le départ est salué, même hypocritement, quoiqu'il arrive... Mr BEHAREL annonce, dans un message en réponse à Mr MORSILLO le 18 décembre 2019, cumuler la fonction de Président et de Directeur Général jusqu'à identifier un successeur à Mr MORSILLO. Quel signal donner alors à ce départ ? Quelle impulsion pour succéder au règne "morsillien" ? La réflexion fut à peine commencé qu'elle fut perturbé par une nouvelle donnée...

 

Séparation premier étage...

 

Ce qui était un pétard mouillé en décembre 2019 se transforme alors en une véritable bombe le 13 mars 2020, quelques jours avant le grand confinement propre à la méditation : notre Direction des Affaires sociales nous relaye un message d'un membre de l'executive board de Randstad (NL). Celui-ci annonce que François BEHAREL n'est pas renouvelé à l'executive board dans ses fonctions pour un troisième mandat consécutif. De ce fait, sa mission en tant que Président du Groupe Randstad France s’achève également. Il est rappelé que Mr BEHAREL a rejoint Randstad suite à l’acquisition de Vedior en 2008. Un successeur est directement désigné : Frank RIBUOT, alors en charge de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de l’Asie du Sud-Est et de l’Inde, nommé Président du Groupe Randstad France et d’AUSY, à compter du 25 mars 2020. Frank RIBUOT a commencé sa carrière chez Adecco il y a plus de 25 ans. Il  a ensuite travaillé pour Unilever, Cartus Corporation et Manpower (Right Management). Il a exercé en France, au Royaume-Uni, en Asie, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

La forme de cette annonce laisse à penser que le départ fut plus subi qu'autre chose. Aucun message de François BEHAREL n'est en effet venu informer les salariés du Groupe AUSY. François BEHAREL débarqué : un choc qui marque les esprits puisque nous avions en tête son implication de communicant dans les points de suivi de l'OPA devant le Comité d'Entreprise et auparavant les engagements qu'il avait pris dans le cadre l'OPA avec à ses côtés un certain Philippe MORSILLO... Personnage passionné, orienté vers les solutions digitales et innovantes, porté sur l'anticipation des marchés et des besoins, nous avions été frappés et interéssés par ses propos porteurs de développement pour AUSY. Sa volonté était ferme de faire grandir notre Groupe pour en faire un acteur dans le top 5 européen des services numériques. Nous en sommes très loin après la boulimie de rachat de Randstad en 2017, la digestion est lente et les perspectives sont stagnantes. Quel fut donc le détonateur de cette bombe médiatique ? On peut estimer que cela relève plus du contexte du marché de l'intérim en difficulté certaine bien avant la crise sanitaire que des efforts financiers  dédiés à notre Groupe à l'impatience de résultats de la maison mère et de retour sur investissements. Encore une fois, l'information n'est pas publique et pudiquement refoulée.

Dès lors, il est saisissant de penser que seulement trois ans après, notre interlocuteur unique à l'acquisition s'en est allé. Cela pose encore plus la question de l'avenir stratégique du Groupe AUSY, question qui pour l'instant n'est pas tranchée. La CFDT souhaite l'invitation de notre nouveau Président devant l'instance CSE afin qu'il confirme, infirme ou amende la politique lancée par son prédécesseur à ce poste. La CFDT estime que c'est à la source que nous devons prendre aussi l'information puisque notre statut de filiale nous empêche d'avoir une vision stratégique globale.

Le 11 mai 2020, Jérôme GONTARD adresse un message aux salariés où il annonce accepter la Direction Générale du Groupe AUSY. Une annonce qui n'étonnera guère les connaisseurs de l'Entreprise, Mr GONTARD étant responsable des destinées internationales du Groupe AUSY depuis quelques temps, présent dans l'entreprise depuis 2000. Sa nomination paraît donc cohérente dans le contexte présent et s'assimile donc à une promotion logique, à laquelle aurait pu aussi prétendre Gerald FILLON, Directeur Général France, et partenaire historique de Philippe MORSILLO dans l'activité opérationnelle du Groupe AUSY. La CFDT s'interroge alors sur le positionnement de ce dernier, voué à devenir le subalterne d'un ancien membre de son équipe opérationnelle. La suite du message de Mr GONTARD se veut rassurant et fédérateur comme toute prise de poste l'impose. A cela s'ajoute l'intention de présenter un plan RENAISSANCE 2023, énième avatar stratégique afin de gonfler le moral des troupes. La CFDT attend donc sa présentation mais reste extrêmement circonspecte sur la tenue de ses engagements, l'exemple de "Fier d'être AUSY" ou Horizon 2020 est encore bien présent. Ce programme s'est en effet fracassé sur la réalité économique du marché et nous en cherchons encore les miettes. Il est excessif de dire que rien n'ait été accompli ou engagé, il faut le reconnaître mais l'ensemble est totalement insuffisant et manque de liant social. Parlons-en : le dialogue social, promis au rendez-vous de cette crise, est totalement éclipsé par la masse d'ordonnances qui bouleverse, durablement pour les pessimistes, le Code du Travail encore fumant des innovations passées du Docteur Macron. La CFDT attend des actes concrets, de réelles contreparties, plutôt que des coups de bâton permanent aux salariés. Le ton est incisif mais l'heure est grave, la situation économique de reprise ne va pas inciter le développement de la bienveillance. Mr GONTARD souhaite rencontrer les responsables syndicaux : la CFDT y fera passer ces messages sociaux en priorité.

 

Séparation troisième étage...

 

Ce lundi 25 mai 2020, Mr GONTARD s'adresse une nouvelle fois aux salariés d'AUSY  afin de leur annoncer qu'il reprend à compter de ce jour la fonction de directeur général France et souhaitant à Gérald FILLON le meilleur dans son "prochain challenge professionnel". Curieuse communication qui vient sans un mot d'adieu de ce dernier comme le veut les usages de courtoisie. La nouvelle avait fuité déjà depuis quelques jours et c'est donc sans grande surprise pour nous la confirmation que le tandem "Philippe & Gérald" allait bien de pair aussi bien dans la venue que la déconvenue. Liés depuis 15 ans aux destins de l'Entreprise, leurs sorts apparaissaient intimement liés dès que l'un des deux annoncerait son départ. Mr GONTARD annonce donc cumuler les deux fonctions de DG Groupe et DG France, ce qui confirme que le départ de Mr FILLON n'a pu être anticipé. La précipitation de ce départ doit-elle se lire au travers des difficultés actuelles de maintien de l'activité ?  du manque de confiance sur la nomination le 11 mai de Jérôme GONTARD en qualité de DG Groupe ? de la perte de repères chez GRF par le changement de Présidence ? Toutes ces hypothèses se valent, nous n'aurons pas la prétention de croire  que notre interpellation envers Mr FILLON pour lui faire confirmer que seulement 10 jours de congés seraient imposables aux salariés soit à l'origine de sa perte !

Le lendemain de cette annonce, Jérôme GONTARD intervient pour se présenter devant les élus du CSE réunis ce 26 mai en séance plénière ordinaire. Mr GONTARD, pris par bon nombre d'activités, dispose d'un temps limité (30mn) pour ce premier contact et il ne pu donc y avoir d'échanges avec les élus. Il décrit son parcours et évoque par quelques idées sa façon de voir l'avenir.

Son aventure chez AUSY débute en 2000 avec la création de l'agence de Nantes et un périmètre sur la région Ouest. En 2008, il conclut un accord avec AUSY pour créer la Société EXALEN Technologies et développer une offre ingénierie mécanique complémentaire. Il accepte ensuite de revenir au sein d'AUSY mais sur un autre registre et il est en charge alors de l'international. Partis de 20 à 30M€ de CA, son périmètre hors France parvient ainsi à représenter 350M€ de CA à fin 2019 soit un peu plus de 50% du CA Groupe et les deux tiers de la contribution en marge pour l'international. Voici en synthèse les propos de Mr GONTARD sur les perspectives qu'il envisage pour AUSY :

" Je suis quelqu'un de normal. J'ai le sentiment d’avoir bien réussi à concilier le business et l’humain. Je suis persuadé que l'alignement des intérêts est la clef du succès. Je suis très business et capable de me battre pour avoir les gens voulus autour de moi. Nous sommes face à une ère nouvelle issue d'une fin de cycle qui s'accompagne d'une crise majeure économique et sanitaire. Ce défi est motivant et je n'en ai pas peur. J'affectionne de ne pas être forcément d'accord avec d'autres personnes pour échanger et construire. Je suis là afin de relancer un nouvel AUSY en gardant toutefois son ADN initial. Je souhaite que AUSY conserve ainsi son logo mais il faut changer derrière cela un certain nombre de choses. Le but du plan renaissance 2023 est créer un projet pour chacun, que chacun se sente impliqué avec une perspective, une vision, un but ambitieux et disruptif. La transformation n'a de sens que pour apporter du mieux.  Nous sommes encore un peu trop une SSII d'il y a 15 ans et pas encore une ESN de ce que sera AUSY dans 4 ou 5 ans.Il faut remettre l'humain au centre du jeu et désire la création d'une Direction RH Groupe. Le business pilote tout même ce qu'il ne devrait pas piloter. Il faut y remédier. Nous devons aussi nous ouvrir et ne pas se recroqueviller, proposer des solutions globales, impliquer différents pays. Cela recouvre le terme OneAUSY qui sera une plateforme globale. Je présenterai une organisation fin juin au niveau du Groupe. Je souhaite être un CEO communiquant sur ce qui se passe : le bien et le moins bien. Une GLT (Global Leadership Team) couvrira  les fonctions essentielles du Groupe (Clients, RH, Digital, Risques,..).

La France est ma priorité numéro 1 en ce moment et il est important qu'elle aille bien, cela conditionne la santé du reste du Groupe. Ma première action est de prendre le pouls de l'entreprise par un tour d'horizon virtuel des acteurs opérationnels. J'en ferai une analyse pour identifier les actions à prendre rapidement. Avant cette crise, le marché était totalement piloté par le candidat et l'offre. Après celle-ci c'est le Client, les achats, qui seront rois. Une concurrence énorme est à prévoir,  il faut aussi impérativement assurer à nos clients un niveau de sécurité sanitaire maximum. La complexité et les enjeux de la sortie de crise sont énormes. Le collectif sera primordial dans cette épreuve. Je presse positivement les managers afin qu'ils se concentrent sur le commerce et non l'administratif. Ma priorité absolue dans ce contexte est de remettre les gens au travail, pas de gérer des plans. Certains secteurs sont sinistrés (aéronautique, transport), d'autres vont plutôt bien (pharmaceutique, sciences de la vie, banque-finance, télécoms). L'énergie commerciale doit donc être centrée sur la recherche des besoins.

Je m'occupe de la France par interim sans savoir pour combien de temps. Je vais déléguer énormément la partie international à mes deux collègues du Board Groupe et dédier 70 à 80% de mon temps sur la France. Nous échangerons par la suite sur les avancées du Groupe et de la France. Cette crise est terrible et va faire des dégâts mais nous avons les atouts pour réussir ensemble. Le dialogue social n'est pas un gros mot pour moi. Sans être forcément d'accord, nous travaillerons ensemble dans la bonne direction. J'ai de bonnes expériences de rapports avec les syndicats en Belgique et en Allemagne."

 

Crash ou mise en orbite à suivre...

 

Une présentation convenue donc et l'aveu que la France n'est qu'un interim pour ce qui le concerne, sans savoir estimer de perspective pour un futur successeur à Gérald FILLON. Solution interne ou pas ? La CFDT se pose cette question dont l'issue traduirait ou non une rupture dans le business model. Malgré l'absence de détails, on peut toutefois relever la volonté de séparer le commerce et l'administratif de manière encore plus accentuée. Cela présume d'une concrétisation d'une DRH vraiment dédié aux carrière des consultants et en cela la CFDT approuve et espère que ces mots se traduiront par des faits. Pas de scoop pour le reste et un défi immense à relever : sortir l'Entreprise de l'ornière pour retrouver un TACE (taux d'activité congés exclus) nominal, source de rentabilité retrouvée. Mais rien sur la préservation de l'emploi, le partage des richesses, la reconnaissance. La CFDT reconnaît bien là le ton d'un businessman et attend donc des preuves de vie d'un dialogue social enterré sous les nécessités du fameux commerce.

Fin donc (momentanée) de la chronique gouvernance et un premier bilan : trois dirigeants clefs présents au moment du rachat par RANDSTAD ont disparus et s'annonce donc une page nouvelle où les partenaires sociaux doivent se mettre en quête d'informations et de garanties. Quelle stratégie se profile pour notre Groupe, continuité ou rupture ? Quelles évolutions sur nos pratiques, quelles perspectives pour notre développement ? Beaucoup, énormément d'interrogations, se font jour avec cette valse des postes. Nous le disions, il est impératif d'auditionner dans ce cadre notre nouveau Président afin d'évaluer le discours de notre actionnaire et non pas de disposer seulement d'une vision d'Entreprise. L'autre levier est de collecter de l'information et procéder à son analyse dans le cadre de l'instance CSE.

L'instance CSE est informée et consultée obligatoirement sur trois volets chaque année : la situation économique et financière, la politique sociale, les orientations stratégiques. Cette dernière prend un sens primordial en cette année de grande lessive. Les deux autres ne sont pas en reste mais comme elles porteront sur les données et résultats 2019, elle serviront très utilement de bases de comparaison avec les consultations de l'année prochaine. Conséquence de la crise actuelle, ces points d'examen doivent être approfondis comme jamais en cette année. La CFDT préconise donc cette année des expertises pour l'ensemble des consultations obligatoires.

 

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